Interview de Anne-Valérie Vitte, Directeur juridique France de Michelin.

Passer d’une image de centre de coût à une image de créateur de valeur, telle était l’ambition de la Direction Juridique de Michelin. Anne-Valérie Vitte, Directeur Juridique France, nous en dit plus dans son interview.

1. Pour la première fois en 2012, vous avez organisé et piloté les services juridiques en vue de générer des profits. Quels ont été les effets tangibles de ce projet sur l’image de la fonction juridique dans l’entreprise ?

La mobilisation de la Direction Juridique autour d’un objectif de génération de profit a permis de démontrer "chiffres à l’appui" que la fonction juridique en entreprise pouvait "créer de la valeur".

Cette contribution visible de la Direction Juridique à la création de valeur a d’abord élargi la vision restrictive que certains non-juristes peuvent avoir de la fonction juridique.

Devenus créateurs de valeur, les juristes d’entreprise sont devenus plus proches de leurs collègues opérationnels en acceptant de se confronter au même défi qu’eux, celui de la création de valeur. Partageant la même vision de leurs rôles respectifs, juristes et non-juristes se sont mieux compris et ont pu mieux coopérer ensemble.

Ce projet a de plus été source de motivation et de fédération entre juristes répartis dans des disciplines et des zones géographiques différentes, en leur permettant d’élargir leurs missions, et, au final, d’optimiser le rôle de la fonction juridique dans le meilleur intérêt de l’entreprise.

2. Avez-vous été accompagné par des cabinets d’avocats dans cette démarche et si oui quel a été ou quel sera l’objet de leur éventuelle intervention ?

La mise en place du projet a tout d’abord mobilisé les 185 personnes qui composent la Direction Juridique de Michelin de par le monde ; un bon nombre d’actions peuvent en effet être assumées en interne et sans accroissement de ressources.

L’objectif est cependant ambitieux puisque la démarche consiste à recenser systématiquement tous les cas où les intérêts de l’entreprise peuvent être lésés ; nous avons donc fait appel à des avocats pour nous aider à déterminer des opportunités de recouvrement en liaison avec les différentes entités opérationnelles, ou encore pour mettre en œuvre certaines actions contentieuses qui pourraient suivre.

3. Comment avez-vous amené vos équipes juridiques à percevoir ces changements et à mener des missions différentes de leurs missions traditionnelles ?

Créer de la valeur pour une Direction Juridique ne signifie pas pratiquer un nouveau métier, un nouveau droit ou une nouvelle matière mais simplement poursuivre la même pratique du droit dans une perspective nouvelle et non-exclusive : la génération de profits.

Il ne s’agit pas de métamorphoser le juriste d’entreprise en « homme ou femme d’affaires » ou en « financier » mais d’aligner sa pratique du droit sur les objectifs suprêmes de l’entreprise, sans pour autant renoncer à ses missions traditionnelles.

Le métier de juriste d’entreprise n’est plus uniquement de « dire le droit » au sein de l’entreprise, de faire respecter les lois, voire l’éthique des affaires, d’accompagner juridiquement ses activités, de la prémunir contre les risque juridiques… c’est aussi de pleinement participer à la création de valeur de l’entreprise. Tous l’ont perçu depuis longtemps et cela constitue pour eux une source supplémentaire de motivation et de fierté.

Découvrez le projet de la direction juridique de Michelin en vidéo et votez en ligne.