Comment être ou ne pas être au Comité de Direction ?

Etre ou ne pas être au Comité de direction, Etre ou ne pas être rattaché à la Direction Générale, telles sont les questions quotidiennes d’une grande majorité des directions juridiques. Alors qu’encore 27% des directions juridiques sont rattachées à la direction administrative et financière (contre 48% à la Direction Générale ; selon l’observatoire des Directions Juridiques réalisé par Ersnt & Young Société d’avocats en 2013). Dès lors, comment les directions juridiques peuvent-elles améliorer leur positionnement stratégique ? Telle sera la question de la table ronde organisée en partenariat avec l’AFJE « Se positionner au niveau stratégique » .

Négocier en amont

«  L’idéal serait que d’ici 5 ans seulement 10% des directions juridiques soient rattachées à la direction administrative et financière. Il est indispensable de négocier en amont du recrutement directement avec le recruteur quand cela est possible » explique Jean-David Sichel, Directeur Juridique du Groupe TBWA France. ; ceci implique pour les candidats au poste de directeur/trice juridique de démontrer en amont l’importance d’un rattachement stratégique pour l’entreprise.

En effet, 66% des directions juridiques rattachées à la Direction Administrative et financière sont insatisfaites de ce positionnement (Ibidem). Leur rattachement les empêche souvent d’obtenir les ressources financières suffisantes pour développer leur direction, mais également d’accéder aux informations stratégiques clefs leur permettant de créer et démontrer une vraie valeur ajoutée.

Faire du « marketing juridique »

Pour ceux dont la négociation initiale avec le recruteur échoue, tout n’est pas perdu ! Mais le chemin sera certainement plus difficile. En effet, il convient alors de prendre « son bâton de pèlerin » et de développer la visibilité de la direction juridique en allant régulièrement à la rencontre des opérationnels et de la direction générale. Comprendre les attentes et répondre aux besoins du business est le cœur du marketing juridique. Les juristes doivent donc changer leur état d’esprit et se demander comment ils souhaitent être perçus. « Nous gagnerons la bataille du positionnement quand nous gagnerons la bataille de la communication » précise Alain Curtet, Responsable de la Direction Juridique du Groupe MMA au sein du groupe Covéa.

Ainsi, de plus en plus de directions juridiques ont mis en place des formations tant pour diffuser la culture juridique, pour répondre aux problématiques concrètes des opérationnels que pour se rapprocher des clients internes. Un tiers des directions juridiques a également mis en place un Intranet, et un tiers a déjà réalisé une enquête de satisfaction client. Si la mise en place d’outils de communication est un investissement en temps important pour la direction juridique, celui-ci est vite amorti par les très bons retours. « Nous voyons des dossiers arriver naturellement directement auprès de la direction juridique. Nous sommes ainsi sollicités bien en amont » analyse Alain Curtet.

Démontrer la valeur ajoutée de la direction juridique

Une fois les actions mises en place pour créer la valeur ajoutée attendue par les dirigeants et les opérationnels, il est indispensable de pouvoir démontrer celle-ci. « […] en mettant en place des indicateurs de performance, en mesurant et en améliorant la satisfaction des clients internes, mais également en rendant des comptes aux travers des reportings réguliers  » relève Philippe Coen, Vice-Président de l’AFJE et de l’ECLA, dans l’ouvrage Organisation et management de la fonction juridique d’entreprise, publié aux éditions Larcier et dirigé par Charlotte Karila Vaillant.

A chaque direction juridique de définir des critères pertinents en fonction de ses engagements : diminution des délais de traitement des dossiers, satisfaction client, rapport annuel sur les dossiers traités par la direction juridique, diminution ou maîtrise de risques stratégiques, évolution des contentieux et frais afférents, voire contribution financière aux résultats de l’entreprise.

Développer son leadership

Pour s’affirmer au niveau stratégique, il est également indispensable de développer son leadership et de se souvenir de cette phrase clef « On ne nait pas leader, on le devient  ». « Pour créer un lien privilégié [avec les dirigeants], il faut pouvoir parler le même langage. De sorte que si notre rôle est celui d’un expert, nous devons être capables de comprendre la stratégie de l’entreprise, et bien plus encore, d’y contribuer [ …] c’est en démontrant aux dirigeants notre compréhension des métiers, des offres, des enjeux et de la stratégie de l’entreprise, mais également en démontrant que nous pouvons être des managers comme les autres, capables de gérer nos équipes, notre temps et notre budget, que nous pourrons accéder à un meilleur positionnement » analyse Alexandre Menais, Directeur Juridique Groupe d’Atos dans l’ouvrage organisation et management de la fonction juridique d’entreprise. Dans l’ouvrage plusieurs pistes sont données pour améliorer son leadership et notamment développer son intelligence émotionnelle et son intelligence sociale.

Tous ces thèmes seront abordés lors de la conférence « se positionner au niveau stratégique  » le 25 Juin, de 14h30 à 16h00.